"Y'aura-nous?
Réseau d'enthousiasmes!"








ON INVERSE TOUT ET ON RECOMMENCE

L'humanité épuise à grande vitesse les ressources naturelles, et produit des polluants que la planète ne peut absorber. Notre développement à l’occidentale n’est donc absolument pas soutenable. Et est-il véritablement synonyme de bonheur ? En changer demande d’opérer un vrai renversement des valeurs, de faire un vrai choix de vie, plus responsable et plus épanouissant.

Reprenant les idées de Paolo Freire, nous pensons que nous pouvons apprendre en faisant ensemble. Quel nous nous éduquons tous les uns et les autres par l’intermédiaire du monde.

En juin 2002, en Californie, le scientifique américain Mathus Wackernagel présente les résultats d’une étude réalisée par l’organisation Redefining Progress. Son équipe a tenté de mesurer l’ « empreinte écologique » de l’homme sur la planète. L’empreinte écologique est une sorte de bilan comptable de ce que l’humanité prend à la planète par rapport à ce que celle-ci peut lui donner en se régénérant. Pour ce faire, les chercheurs ont évalué l’ensemble des ressources consommées et des déchets produits par la population, puis les ont comparées au nombre d’hectares équivalents par personne nécessaires à leur production et à leur élimination. Les résultats sont édifiants : à partir des années 1980, « les exigences de l’humanité ont dépassé les capacités de la biosphère», explique Mathis Wackernagel. Selon cette analogie, qui minimise pourtant les impacts dans les approximations nécessaires au calcul, nous consommons 1,2 fois plus que ce que la Terre pourrait fournir par an. Les Etats-Unis consomment 4 à 5 fois plus d’hectares équivalents que la moyenne soutenable, l'Europe 3 fois plus par an, et les pays dits «en voie de développement» s’acheminent vers une moyenne aussi élevée, par croissance démographique et économique. Nous allons droit à l’impasse. En France, par exemple, nous consommons 5,3 hectares par personne, plutôt que les 1,8 auxquels nous aurions droit.

Mais que font donc ces affreux prédateurs, ces assassins d’espaces, ces destructeurs de biosphère ? Rien de plus que se chauffer à l’électricité, se déplacer en voiture, prendre l’avion une fois l’an, consommer des produits bien emballés, faire leurs courses en grande surface, et, de temps en temps, manger des fraises en hiver. Bref, tout ce que nous considérons peu ou prou comme normal, n’est pas soutenable par la Terre vu notre nombre et notre mode de vie. A ce rythme, la température de la Terre augmentera de 1,4 à 5,8°C au XXI° siècle, causant de dramatiques déséquilibres environnementaux. Mais au-delà de l’argument écologique, étayé par des chiffres sans appel, la remise en cause de notre mode de vie doit se faire sur d’autres valeurs.

L’hymne à la croissance, chantée par les gouvernements et la publicité, et relayée par les medias, nous demande d’être des gentils homo economicus, c’est-à-dire de ne penser que rationnellement et de n’être heureux que dans la consommation et la satisfaction de désirs exacerbés. Ceci serait le secret d’une société généreuse, produisant des biens pour tous, et garantissant le confort et la sécurité de ses membres. Mais pour combien de temps, et au détriment de quoi ? Tandis que le PIB ne reflète que le niveau économique comptable, un autre indicateur, l'IPR (Indicateur de Progrès Réel), qui tient compte de la criminalité, des dépressions, des coûts de santé, ou de la pollution, stagne voire diminue.

Nous croyons que l’homme pense, rit, aime, et n’est pas seulement une machine à consommer. Nous croyons en un mode de vie plus responsable, où l’homme serait en accord avec le monde et les êtres qui l’entourent. Nous ne voulons pas attendre que la réduction drastique de la consommation se fasse par la force et le totalitarisme.

Puisqu’il n’est pas soutenable de posséder des voitures individuelles en ville, il faut dés aujourd'hui se débarrasser de la voiture. Parce que 84% de nos déchets finissent encore incinérés ou mis en décharge, il faut réduire les déchets à la source, et ne plus acheter des produits sur-emballés, quitter la facilité des grandes surfaces et réapprendre à produire soi-même son alimentation. Et puisque nous n’aurons plus les mêmes besoins impulsés par la publicité, nous n’aurons plus besoin de tant travailler. Ou nous travaillerons différemment, de façon plus épanouissante.

Autrement dit, il faut inverser l’ordre des valeurs. Aujourd’hui le PIB s’enrichit par le nombre d’emplois, mais aussi par l’essence consommé, le nombre d’accidents de la route, les cancers du tabac soignés dans les hôpitaux, les achats d’anti-dépresseurs… Radicalement différent, l’homo anti-economicus lui s’enrichit par l’échange de savoirs, la connaissance de son environnement, par ses amours et ses amitiés, par le bonheur d’avoir du temps libre.

Notre but est de sortir de l’économisme, ce dogme que personne n’a le courage de remettre en question complètement. Il ne s’agit pas d’un nouveau système, il s’agit de changer son attitude personnelle au quotidien, de petits gestes en grands bouleversements. En espérant que ce mode de vie fasse des petits, qui feront basculer ce monde.